2012-03-16

Au Laos, disposer d'un robinet dans sa maison reste un luxe



Forum mondial de l'eau | LEMONDE | 12.03.12 |
 

Vientiane Envoyée spéciale- Devant le Musée de la sécurité du peuple à Vientiane, à l'heure de la sortie de l'école, des mobylettes qui transportent jusqu'à quatre enfants en plus du conducteur se faufilent entre voitures, vélos et scooters. Le Laos est à l'image des rues de sa capitale : avec ses 7 millions d'habitants, il est le pays le plus pauvre d'Asie du Sud-Est, mais il se développe en accéléré, comme ses voisins. Les villes grandissent trop vite et les infrastructures ne suivent pas.


Des quartiers entiers de Vientiane (750 000 habitants) ne sont pas desservis en eau potable. La République démocratique populaire du Laos s'est fixé pour objectif d'alimenter en eau potable 80 % de la population d'ici à 2020. Et a opté pour un cocktail qui mélange une dose d'investissement privé soutenu par l'aide internationale. "La précarité du pays l'oblige à valider tout ce qui se présente, tout ce que les bailleurs de fonds acceptent de financer surtout, analyse Jacques Cavard, directeur général des services techniques du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif), venu visiter en expert. Du coup les Laotiens ont toutes sortes d'équipements, impossibles à raccorder parfois..." A Vientiane, le Sedif apporte son soutien dans la gestion et cofinance des travaux d'infrastructures avec l'Agence française de développement (AFD).

On retrouve les mêmes soutiens plus quelques autres, à Thabok, 4 500 habitants, à 90 kilomètres de là. C'est le jour de l'inauguration du mini réseau d'eau potable qui alimente environ 860 familles. La cérémonie allie rituels du parti unique, pratiques chamaniques et repas champêtre. Thabok est au coeur d'un district en expansion. Il s'agit de l'équiper d'un réseau d'eau potable, pas d'un simple puits. L'installation reste modeste : deux forages, un château d'eau de 50 mètres de haut, un réservoir au sol où est ajouté du chlore. Ce traitement suffit car l'eau s'est révélée de bonne qualité dans cette région.

La majorité des habitants continuent de se débrouiller entre achat à des prix élevés de bidons de 200 litres, lessive dans la rivière et réserves d'eau de pluie et puits. Kunkan fait partie des premiers abonnés au mini réseau. Epouse de militaire, elle dispose depuis quatre mois de deux robinets : un devant la maison, un autre dans les toilettes à l'arrière. C'est deux de plus que les standards habituels de Thabok. Un luxe. Kunkan en est friande. Comme on s'étonne de l'importance de sa consommation, elle rétorque en riant qu'elle se lave quatre fois par jour. Ses quelques poules et canards profitent de l'eau potable aussi. Sa famille de quatre personnes paie près de 45 000 kips par mois (environ 4 euros).

Expertise et formation

De l'autre côté de la rivière, la discrète Mme Voy se dit satisfaite. Son foyer de trois personnes n'a pas eu à payer les 50 dollars du raccordement financé par les pouvoirs publics mais s'acquitte d'une facture mensuelle de moins de 80 centimes d'euros par mois. Avant, il lui fallait aller chercher l'eau au puits communautaire, deux seaux au bout d'une perche sur l'épaule, puis la faire bouillir. A présent, elle peut consacrer plus de temps à son travail dans les rizières.
SUITE...

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